Bienvenue!



Tout d'abord, merci de votre visite. J'ai choisi de présenter mon devoir d'histoire des arts sous la forme d'un blog car je trouve cela plus animé et il n'y pas de limite. Sons, vidéos, images, tout est possible! 
Je vous laisse découvrir mon travail, bonne visite à vous!

Chloé Lifante


PS: Il est possible d'afficher les images en taille réelle, il vous suffit de cliquer dessus.

L'artiste et son oeuvre





L’œuvre principale de ce devoir a été réalisée par Duane Hanson, en 1969. Cette œuvre a pour titre, « Caddy ». Il s’agit d’une sculpture.

Duane Hanson

Duane Hanson est né en 1925 à Alexandria dans l’état du Minnesota  et décède en 1996 à l’âge de 71 ans dans l’état de Floride, aux Etats-Unis. Il a vécu principalement dans son pays natal mais également en Europe où il y était enseignant.
Cette œuvre est une sculpture, elle appartient donc à l’art du visuel. Elle a été réalisée à partir d’un moulage de corps humain à l’aide de bandes de silicones dans lesquelles l’artiste coule de la résine de polyester. Ce matériau permet des reproductions détaillées. Enfin, Hanson peint le mannequin à l’acrylique puis à l’huile sans négliger aucun détail : couleur de peau, bleu des veines, pilosité, taches de rousseur, rides… Il ajoute à cela de vrais cheveux, des yeux de verres des vêtements de circonstances et une foule d’accessoires.
La sculpture mesure environ 166 sur 70 sur 70 cm, elle est à l’échelle 1 autrement dit grandeur nature, l’échelle d’une vraie femme est ainsi respectée et donne à l’œuvre une part de réalité.




L'hypérralisme


Quenie II (1988) - Duane Hanson
Peinture hypérraliste
Autoportrait (1961) - Chuck Close



« Caddy » appartient au mouvement artistique de l’hyperréalisme dont Hanson est présenté comme le chef de file. L’hyperréalisme est nommé aussi en anglais photorealism ou superrealism. Il apparaît aux Etats-Unis dans les années 1965-1970. C’est un courant de peinture et de sculpture qui s’appuie sur la photographie pour observer le réel, voire le copier. Le mouvement hyperréalisme a  connu dès lors un succès foudroyant et étonnant et l’artiste s’est rendu célèbre avec sa ménagère au caddy et ses autres sculptures mettant scènes des touristes, des SDF, ou encore des victimes d’accidents.

"C'était l'époque où..."



L’œuvre illustre parfaitement son temps et la société américaine des années 1960. Les Etats-Unis, comme les pays développés d’Europe ont connu dans les années 1960 la révolution de la consommation de masse. Avec l’apparition du supermarché, les ménagères achète tout ou presque au même endroit. Son panier a été remplacé par un caddy, le panier à roulette. Il déborde de provisions en tout genre qui symbolise l’Amérique. (Pizzas, cookies...) Cette nouvelle façon d’acheter va  bouleverser les habitudes car les produits sont fabriqués par l’industrie agro-alimentaire, on observe d'ailleurs de nombreuses boîtes de conserves dans le caddy. Mais aussi les villes avec l’apparition des centres commerciaux. Enfin, on peut envisager le rôle de l’automobile, de plus en plus présente dans la vie quotidienne. Elle permet de transporter toutes ces provisions. Jacques TATI dans son film Mon Oncle nous montre lunivers moderne, celui de la voiture, avec ses espaces qui lui sont entièrement dédiés ; la rue, le garage, et l’automatisation qui en constitue un élément de confort (le cadeau d’anniversaire de mariage constituant en une porte de garage automatique).

Que se cache t-il vraiment dans ce "Caddy"?



Caddy (1969)- Duane Hanson



Figure emblématique de la culture de masse, sa grosse dame au regard vide, en chausson, la cigarette au coin des lèvres conduisant un caddy débordant de victuailles achetées au supermarché est l’image la plus connue de Hanson. Quelque peu grotesque, elle résume parfaitement le projet de l’artiste qui refuse toute forme d’idéalisme. Il ne nous présente pas le "rêve américain", contrairement aux artistes du Pop Art, inspirés par cette société, mais souhaite seulement nous montrer l'Amérique telle qu'il la voit. Ici pas de stars, d'acteurs, ni de chanteurs qui brillent à Hollywood mais les gens tels qu'ils existent. Ce sont des gens que l'on rencontre, tous les jours, dans la rue, au supermarché... Ils sont statufiés dans un épisode de leur vie.

 On observe une multitude de couleurs empilées dans le caddy. La femme porte un t-shirt de couleur rose, une jupe courte bleue jeans, des collants filés et des chaussons bleus clair. Elle a un gros collier jaune autour du cou et un sac à main noir brillant. Ils semblent être de mauvaise qualité. Elle est coiffée de bigoudis roses et ses cheveux sont recouverts d’un foulard jaune, vert et rose. Sa tenue n’est pas très élégante, voire négligée car elle sort faire ses courses avec ses bigoudis et en fumant, chose qui semble inhabituelle.

Consommer ne rend pas forcément heureux.

Une brochure Frigidaire conçu pour les détaillants 
et les gérants de magasin à partir de 1950. 

Cette femme est l’inverse de l’image donnée par la publicité de l’époque où les femmes vont faire leur course en famille ou seule mais toujours bien vêtue et rayonnante de bonheur. Duane HANSON a voulu nous montrer que consommer ne rend pas forcément heureux. Il dit : « Mes motifs préférés sont les américains de la classe inférieure et moyenne. Pour moi la résignation,le vide et la solitude de leur existence rend bien la véritable réalité des gens. » En effet, il réalise toujours ses sujet avec tact et compassion et met en scène leur fragilité, leur résignation et souvent leur désespoir. En regardant la sculpture de plus près, on peut apercevoir sur l’avant-bras de la femme, des bleus qui laissent supposer un statut de femme battue.
L’artiste français Alain SOUCHON reprend la logique suivante : « Consommer ne rend pas forcément heureux » dans sa chanson Foule sentimentale sortie en 1993, où il y insère la phrase suivante : « Aïe on nous fait croire que le bonheur c’est d’avoir ». En effet, Alain SOUCHON le dit haut et fort, il est contre la société de consommation et se réjouit de la crise pensant que « c’est une espèce de petite révolution » puisque étant une période difficile, les gens auront tendance à moins consommer. De plus, on croirait presque entendre dans cette chanson, une description de la sculpture "Caddy": "Il se dégage de ces cartons d'emballage, des gens lavés hors d'usages, et tristes et sans aucun avantage.". Tandis que Jean-Jacques GOLDMAN lui, dénonce la dictature des marques et se moque des gens qui voient cette société de consommation comme une bonne chose, ces gens qui jouent le jeu, pensant que s’ils ne portaient pas telle ou telle marque, ils ne seraient personne : « Le bonheur est possession », « Les choses me donnent une identité » ou encore « J’ai donc je suis ». (Les choses

Une femme, des produits mais surtout un caddy.

L’embonpoint du modèle représente l’opulence de cette société de consommation. Mais le caddy est tout de même l’élément le plus important de l’œuvre de par son titre mais aussi parce qu’il déborde de produits de marque. Boris VIAN sort sa chanson La complainte du progrès en 1956, durant la période des « Trente Glorieuses » où la société de consommation est en pleine croissance. Les produits qu'il énumère auraient pu se trouver dans le caddy de notre sculpture:  « Un frigidaire, un joli scooter, un atomixer, et du Dunlopillo, une cuisinière avec un four en verre des tas de couverts, et des pell' à gâteaux, une tourniquette pour fair' la vinaigrette, un bel aérateur pour bouffer les odeurs, des draps qui chauffent, un pistolet à gaufres, un avion pour deux ». 
En effet ce genre d’objets insolites, notamment l’électroménager deviennent les premiers produits de la société de consommation. Cependant, vers les années 1960, seule une classe sociale élevée peut se permettre cette nouveauté. La famille de Marcovaldo dans Marcovaldo ou les saisons en ville de Italo CALVINO est pauvre. Pourtant elle vient d'arriver en ville et découvre cette société. Mais ne pouvant y participer"leur plaisir était de regarder les autres faire leurs achats". En revanche,"si votre chariot est vide et que les autres sont pleins, vous pouvez tenir jusqu'à un certain point, puis l’envie vous submerge, et les regrets, et vous ne résistez plus". Il rempli alors son caddy de "toute sortes de bonnes choses". "Il voulait seulement s’offrir le plaisir de la balader durant dix minutes, de montrer , lui aussi, ses achats comme les autres, puis la remettre là où il l’avait prise." puis reposa ses produits, déçu, "se souvenant que la caissière les attendait en fin de parcours pour le paiement." 
A l'opposé, dans Mon OncleJacques TATI  s’amuse des maux de la petite bourgeoisie. Il met en scène une famille bourgeoise nommée Arpel avec leur mobilier et leur électroménager plus insolite les uns que les autres.





Au final, la femme se confond avec le caddy. On peut interpréter ce camouflage par le fait qu’elle soit envahie par cette société. 

L'homme caméléon en veut à l'oncle Sam





Hiding in the City No. 83
Liu Bolin est un artiste chinois contemporain qui a eu l’idée de se peindre dans toute sorte de décor, dans lequel il veut se camoufler. "Pour moi, confie-t-il, j’opte en faveur de l’intégration à la société. Ce n’est pas que je m’immerge dans ce milieu, mais plutôt que ce milieu m’envahit. » 
Cette façon de se recouvrir le corps de peinture pour se fondre dans un décor est appelé body art ou body painting.
  Sur ces images, on le voit (ou non..) camouflé dans un rayon de supermarché. Se trouve derrière lui, toute sorte de produits alimentaire, de différente marque mais toujours en grand nombre, laissant le choix au consommateur de choisir ; c’est le principe de la société de consommation.
Hiding in the City No. 93- Supermarket
Mais en plus de dénoncer cette société, Liu Bolin, avec la photo ci-dessus, critique l’« américanisation ». Ces sodas sont originaires des Etats-Unis, et les voir étalés sur un rayon de supermarché chinois montre la puissance de ce pays à exporter ses produits mais surtout sa culture. L'artiste en profite également pour critiquer le gouvernement chinois, qui a accepté cette exportation.


Aperçu de la longue phase de peinture


Quand publicité rime avec célébrité


Andy Warhol (1928-1987)
On aperçoit notamment la célèbre marque « Coca-Cola » dont de nombreux artistes Pop Art comme Andy WARHOL se sont servis.
Coca-Cola 5 Bottles (1962) - Andy Wahrol
La publicité joue un très grand rôle dans la société de consommation, comme le cinéma, elle raconte une histoire, elle nous promet de devenir quelqu’un d’autre ; avec les produits qu’elle vante, boissons, cigarettes, produits de beauté, voitures, notre vie sera transformée, plus belle, plus agréable, plus distrayante et plus intense ! La publicité promet le bonheur immédiat.
Il suffit donc au peintre de reproduire cinq fois la silhouette de la bouteille de soda et d’apposer en rouge la signature prestigieuse pour faire son tableau : pour avoir plus d’impact il ne peut faire mieux ! Coca-Cola est comme une vedette de cinéma, tout le monde le connaît, tout le monde sait ce que cela signifie.
Green Coca-Cola Bottles (1962) - Andy Warhol
Andy WARHOL dit : "Ce qui est formidable dans ce pays, c’est que l’Amérique a inauguré une tradition où les plus riches consommateurs achètent en  fait la même chose que les plus pauvres. On peut regarder la télé et voir Coca-Cola, et on sait que le président boit du Coca, que Liz Taylor boit du Coca et, imaginez un peu, soi-même on peut boire du Coca. Un Coca est toujours un Coca, et même avec beaucoup d’argent, on n’aura pas un meilleur Coca que celui que boit le clodo du coin. Tous les Coca sont pareils et tous les Coca sont bons. Liz Taylor le sait, le président le sait, le clodo le sait, et vous le savez.".
En regardant cette deuxième œuvre, on croirait voir un rayon de supermarché. Pour cause, les deux  toiles présentées sont des sérigraphies. C’est un procédé de reproduction mécanique de l’image, (comme celui utilisé dans le domaine de la publicité), basé sur le principe du pochoir. Sur ces toiles le sujet n’est pas unique ; il est démultiplié et perd de sa singularité et de son originalité. On pourrait donc croire au premier abord, que l’artiste disparait derrière une représentation quasi-industrielle d’un objet. Il n’est plus artiste mais technicien.
Pourtant, voilà ce qui amuse Andy WARHOL, la publicité est en soi une forme d’art, les artistes du Pop Art l’ont bien compris et s’en servent donc, accompagnée de l’image du « rêve américain » pour créer leurs œuvres.




Autre oeuvre réalisée à partir de Coca-Cola
Coca-Cola(1961) - Wolf VOSTELL
Andy WARHOL and me (2012) - Chloé Lifante
(Montage réalisé avec Photofiltre)

Conclusion

Enfin, revenons à l’œuvre principale ; « Caddy ». Au terme de notre analyse nous pouvons affirmer que cette sculpture est une œuvre engagée, faite pour dénoncer la société de consommation du regard critique mais tout de même amusé de Duane HANSON. 
Avant d'avoir travaillé sur ce sujet, je n'aurai pas su définir le terme "société de consommation". J' ai donc appris beaucoup de choses et notamment à analyser une œuvre. Je pense qu'à présent , je ne regarderai plus une œuvre d'art du même œil; je me poserai beaucoup plus de questions au lieu de la contempler bêtement.
A l'énoncé des sujets, j'ai d'abord porté mon attention sur la problématique: " La possession, la richesse font-elles le bonheur?". Mon choix était fait. De plus, c'est un thème qui me tient vraiment à cœur et " oui, nous pouvons vivre heureux avec le strict minimum". Tous les jours, dans le monde, des personnes vivent heureuses sans pour autant être riches. Parfois même, trop posséder peut amener à l'ennui et  nous empêche d'apprécier les petits bonheurs de la vie quand ils s'offrent à nous. Mais aujourd'hui, faire comprendre cela à quelqu'un est très difficile d'autant plus que j'avoue, moi aussi, vouloir le dernier jean à la mode ou encore goûter à ces nouveaux biscuits que j'ai vu à la télé. On encourt même le risque, et notamment chez les adolescents ne pouvant ou ne voulant pas participer à cette société de consommation, d'une exclusion du "groupe". Quoique l'on dise, nous sommes tous victimes de cette société et nous avons tous une part de cette femme, de Duane HANSON en nous. Il nous tend un "miroir". 
La logique "J'ai, donc je suis" est de plus en plus présente dans la façon de penser des gens car nous sommes envahis de publicité ou autres, qui nous donnent  à tous un rôle à jouer. Pour certaines celui  de la femme fatale pour d'autre celui du "bad boy". La mode, la publicité donc la société de consommation, mais aussi le regard des gens font de nous des esclaves.
Quand le miroir, reflète la réalité..
 J’ai choisi cette œuvre car lorsqu'elle m’a été présentée pour la première fois, elle m’a vraiment étonné puis fait rire. La vraisemblance de cette sculpture produit sur le spectateur un effet de malaise. Mais ce malaise est dû au fait que les œuvres hyperréalistes ne sont ni émouvantes, ni touchantes, mais seulement « vraies ». Ce personnage de HANSON nous parait réel par ces attitudes, ce moment où elle est plongée dans ses pensées, ses accessoires nous sont familiers. Cette sculpture me paraît l’allégorie la plus parfaite de la société de consommation et de «l’american way of life»(=façon de vivre des américains). J’ai apprécié ses nombreuses couleurs, mais c'est seulement en m'y intéressant de plus près que j’ai perçu le côté "polémique" de l’œuvre et finalement plus je regarde cette sculpture plus elle me provoque un sentiment proche du dégoût.
HANSON présente ainsi le consommateur comme un zombie errant dans les rayons d’un supermarché. Ce portrait excessif du consommateur et de l’objet finit par décrire une société de l’excès qui rend esclave les gens en des personnes vides de personnalité et d’identité à toujours vouloir être mieux ou avoir plus.  
Au final on aurait presque envie de plaindre cette femme et surtout la société dans laquelle nous vivons. 
Enfin, comme le dit le proverbe: "Mieux vaut être que paraître."